Comment réduire l’empreinte carbone de mes biens de consommation
Pour s’habiller et se chausser, équiper son logement et communiquer, nous achetons un grand nombre de biens de consommation plus ou moins durables. Or, l’empreinte carbone des appareils électriques et électroniques, du mobilier et du textile, peut être très élevée. Alors quels sont les plus polluants, et surtout comment réduire l’impact environnemental de ces objets du quotidien ?
I. DES ÉMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE TOUT AU LONG DU CYCLE DE VIE
La consommation d’énergie, souvent d’origine fossile (charbon, pétrole, gaz), occasionnée par chacune des phases du cycle de vie d’un objet, est à l’origine de rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère :
1. L’extraction de matières premières nécessaires à la fabrication du produit : or, argent, étain, indium, terres rares, etc.
2. Le transport des matières premières vers les usines
3. La mise en forme et l’assemblage de l’objet, en usines
4. La distribution du produit aux points de vente : en bateau, en avion, en camion…
5. L’utilisation du produit : énergie nécessaire au fonctionnement des appareils électriques, au lavage des vêtements, etc,
6. La fin de vie du produit : en décharge, en incinération ou en recyclage. Dans ce dernier cas, la réutilisation d’une partie des matériaux permet de diminuer l’empreinte carbone du produit…. mais encore faut-il que l’appareil usagé soit collecté, ce qui n’est le cas que de 20 % des déchets numériques dans le monde ! (Alternatives Économiques, 2020)
Le tableau ci-dessous, réalisé d’après les données de l’étude ADEME « Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipements » compile les empreintes carbone d’un ensemble de biens de consommation et d’équipements courants.
II. QUELS SONT LES PRODUITS LES PLUS POLLUANTS ?
Six tonnes de CO2
Au total, l’ensemble des 45 produits examinés par l’ADEME affichent une empreinte carbone totale supérieure à 6 tonnes eq CO2* (SERA, 2018 ; ADEME, 2018), ce qui équivaut aux émissions générées par deux trajets aller-retour Paris-New-York en avion et à plus de 3 fois notre « budget carbone » annuel. En outre, ces biens de consommations contribuent également à la pollution de l’air et des milieux aquatiques ainsi qu’à l’épuisement des ressources naturelles. Il faut par exemple 183 kg de matières premières pour fabriquer un smartphone ou encore 8 000 Litres d’eau pour concevoir une paire de chaussures.
Des résultats d’autant plus préoccupants que sous l’effet de la mode, des innovations ou de l’obsolescence, ces objets sont renouvelées à grande vitesse. Par exemple, les français changent de smartphone en moyenne tous les deux ans, alors que dans 88 % des cas ces derniers fonctionnent encore (Alternatives Économiques, 2020).
Empreinte carbone : de quoi parle-t-on ?
L’empreinte carbone d’une personne représente :
– la quantité de gaz à effet de serre directement émis par cette personne : voiture, chauffage, etc.
– ainsi que la quantité de gaz à effet de serre émis lors du cycle de vie des produits consommés par cette personne
En 2018, l’empreinte carbone moyenne des français s’élevait à 11,2 tonnes de CO2 par personne. Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, le budget carbone de chaque Terrien devrait être compris entre 1,6 tonnes (hypothèse basse) et 2,8 tonnes (hypothèse haute) de CO2 par an entre aujourd’hui et 2100 (CGDD, 2020). L’empreinte carbone des français doit donc diminuer d’environ 80 % au cours des prochaines décennies.
Les équipements électriques et électroniques ont une empreinte carbone élevée
Par exemple, l’empreinte carbone d’une télévision est comprise entre 320 à 466 kg eq CO2, soit la pollution émise par une voiture roulant entre 2 857 et 4 161 km !
En effet, les composants électroniques nécessitent pour leur fabrication une grande quantité d’énergie et de matériaux rares dont l’extraction est complexe et polluante. Le transport en avion des smartphones et des tablettes, ainsi que la phase d’utilisation sont également des sources de pollution importantes (ADEME, 2018).
Les habits et chaussures sont également une source de gaz à effet de serre notoire
L’empreinte carbone de la garde-robe d’un français est estimée à 1,37 tonnes de CO2 (Lesechos.fr, 2018 ; ADEME, 2018). Mais pourquoi une telle pollution ?
D’abord en raison de la quantité d’habits dont nous disposons : en moyenne, un français achète 9,5 kg de vêtements neufs par an, soit une 40aine de pièces environ (et presque autant en seconde main). Autre chiffre édifiant : 100 milliards de vêtements ont été vendus dans le monde en 2016 (B&L Évolution, 2018 ; Le Monde, 2018).
Ensuite en raison de la pollution générée par la production de la matière première textile (ex : le coton), par la consommation d’énergie liée à la mise en forme du vêtement en usine et par les étapes de transport (aérien et camion) (ADEME, 2018). Par exemple, on estime que les composants d’un jean parcourent 1,5 fois le tour de la Terre avant d’arriver en boutique.
*Empreinte carbone « craddle to gate », c’est-à-dire de l’extraction des matières premières jusqu’à la distribution au point de vente, excluant les phases d’utilisation et de fin de vie du produit.
Des différences très importantes pour une même catégorie de produits
L’étude de l’ADEME met en évidence des différences d’émissions polluantes très importantes pour une même catégorie de produit. Ces différences sont liées (ADEME, 2018) :
- au dimensionnement du produit : par exemple, une télévision de taille supérieure à 49 pouces génère 46 % de gaz à effet de serre de plus qu’une télévision 30-40 pouces ;
- à ses caractéristiques techniques : un réfrigérateur 1 porte de classe énergétique A+++ émet 22 % de gaz à effet de serre de moins qu’un réfrigérateur de classe A ;
- à sa composition : un vêtement en polyester recyclé génère 39 % de gaz à effet de serre de moins qu’un vêtement en polyester classique ; de même, le coton recyclé est bien moins polluant que le coton vierge.
- à son lieu de fabrication : la fabrication d’un meuble en Asie peut être jusqu’à 3 fois plus polluante qu’une fabrication majoritairement européenne.
III. QUATRE ACTIONS POUR RÉDUIRE L’EMPREINTE CARBONE DE MES BIENS DE CONSOMMATION
ACTION 1 – Je modère mes achats d’équipements électroniques, électroménagers et mobiliers
Comme préconisé par l’ADEME, avant d’acquérir de nouveaux produits, je me pose les questions suivantes :
Questions à se poser | Objectif |
1. Mon équipement actuel est-il vraiment trop vieux ? Ne puis-je pas le réparer, ou à défaut, le donner ? | Ralentir le rythme de renouvellement, tout en prolongeant la durée d’usage des équipements grâce à la réparation et au réemploi (bien entretenu, un ordinateur peut durer 10 ans, un smartphone au moins 5 ans). |
2. En ai-je vraiment besoin ? | Éviter le suréquipement |
3. N’est-ce pas trop grand ? | Limiter le surdimensionnement |
ACTION 2 – Je privilégie l’achat d’équipements d’occasion
Selon le cabinet Carbone 4, acheter l’ensemble de ses équipements d’occasion au lieu de produits neufs permettrait de diminuer l’empreinte carbone des français de 0,16 tonnes de CO2 par an et par personne en moyenne (Carbone 4, 2019).
Lire aussi | Comment réduire l’empreinte carbone de mes déchets
ACTION 3 – J’achète (beaucoup) moins de vêtements neufs
On l’a vu, un français achète en moyenne 9,5 kg de vêtements neufs par an, soit une quarantaine de pièces (Le Monde, 2018 ; B&L Évolution, 2018).
=> Selon Carbone 4, acheter trois fois moins de vêtements neufs permettrait d’éviter le rejet de 0,22 tonnes de CO2 par an et par personne en moyenne (Carbone 4, 2019).
=> Le cabinet B&L Evolution, qui propose un ensemble de mesures à appliquer en France pour s’aligner sur une trajectoire d’un réchauffement de 1,5 °C maximum, préconise de limiter le poids de vêtements neufs mis sur le marché chaque année à 1 kg par an et par personne (B&L Évolution, 2018).
Quelques repères sur les poids des vêtements adultes (source : toutpratique.com)
Un jean adulte = 800 g à 1 kg / Un pantalon coton = 500 g / Un pantalon jogging = 350 g
Une chemise ou un chemisier = 200 g / Un t-shirt L = 150 g / Une robe légère = 150 g
Une paire de chaussettes = 20 g / Un sweat shirt = 250 g / Un pyjama coton = 250 g
ACTION 4 – Pour mes achats de vêtements neufs, je choisis des produits faits avec des matières premières moins polluantes
Le choix de la matière première textile influence le niveau de pollution généré par un vêtement. Celle-ci peut être issue de ressources fossiles (polyester), de l’élevage (cuir), de l’agriculture (coton) ou encore du traitement chimique de matières naturelles (fibres artificielles) (ADEME, 2018).
=> Je peux réduire mon impact sur le changement climatique en choisissant un vêtement fait à partir de coton recyclé ou de polyester recyclé.
Article rédigé par Vivien Lecomte, 21 octobre 2020 – Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés
EN SAVOIR PLUS…
–Modélisation et évaluation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement – ADEME, 2018
–Défi « Rien de neuf » de Zero waste France : un défi, les alternatives au neuf, un kit d’action
–Score Carbone : outil développé par l’entreprise « Nouveaux consos », qui permet d’évaluer la quantité de CO2 émise par un produit électroménager
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