Fonte de la banquise et des glaciers

Moins de banquises, de glaciers et de neige mais plus d’eau dans les océans

Il s’agit de l’un des symboles du réchauffement climatique : la fonte des banquises, des glaciers et la disparition progressive de la neige aux basses altitudes.

Mais à quelle vitesse cette fonte s’opère-t-elle ? Pourra-t-on encore faire du ski en France dans quelques dizaines d’années ? Le dégel des sols d’Arctique va-t-il libérer des bactéries et virus encore plus dangereux que le Coronavirus ? Votre maison sera-t-elle sous l’eau en 2050 à cause de l’élévation du niveau des mers ?

Les réponses dans cet article !

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I. ÇA FOND !

Sous l’effet de l’augmentation des températures, la banquise de l’Arctique (au pôle Nord) tend à diminuer en étendue et en épaisseur, de sorte qu’elle pourrait avoir disparu en 2050, selon le GIEC.

La fonte de la banquise ne contribue pas à l’élévation du niveau des mers. En revanche, comme expliqué dans un autre article, elle engendre une accélération du réchauffement climatique en diminuant l’albédo des océans.

Animation de la NASA montrant l’évolution de la banquise arctique entre 1984 et 2019

Les glaciers fondent également, notamment dans les régions polaires. Deux observations viennent illustrer ce phénomène, qui s’est accéléré depuis 2006 (CGDD, 2019) :

  • au niveau du pôle sud, en Antarctique, la fonte des glaciers est 6 fois plus rapide qu’il y a 40 ans. La NASA vient également de découvrir un gigantesque trou dans un des plus grands glaciers, nommé Twaites. Si celui-ci venait à s’effondrer, il augmenterait de 65 centimètres le niveau des océans (Novethic.fr, 2019e).
  • au niveau du pôle nord, au Groenland, 11 milliard de tonnes de glace ont fondu en une journée suite à l’épisode caniculaire qui a frappé l’Europe fin juillet 2019 : l’équivalent de 4,4 millions de piscines olympiques s’est déversé dans l’océan.

Dans les Alpes également, une étude récente estime que 90 % des glaciers auront fondu en 2100, si rien n’est fait pour contenir le réchauffement climatique (Novethic.fr, 2019b). En cause notamment, une diminution des chutes de neiges de l’ordre de 30 à 50 % à 1 800 m d’altitude et de 10 à 30 % à 3 000 m d’altitude* (Castebrunet, 2014). Outre le fait qu’elle contribue à l’élévation du niveau des mers, la fonte de ces glaciers est également problématique vis à vis des ressources en eau. En effet, les montagnes fournissent de l’eau douce à plus de 50 % de la population mondiale (FAO, 2012) et ces glaciers constituent des réserves d’eau disponibles en été, lorsque les précipitations sont plus faibles et les températures plus élevées.

*Diminution des précipitations neigeuses entre le milieu et la fin du siècle par rapport à la période de référence 1960-1990

Banquise, glacier, calotte glaciaire : de quoi parle-t-on ?

Une banquise se forme en mer, lorsque la température de l’eau atteint -1 à -2°C : c’est de l’eau salée gelée. Elle peut être attachée à un rivage (banquise côtière) ou mobile, se déplaçant au gré des courants (banquise dérivante). La banquise la plus étendue se trouve en arctique (au pôle nord).
Un glacier se forme sur le continent, aux niveaux des pôles et des montagnes, par compactage de neige accumulée : c’est de l’eau douce gelée. Une calotte glaciaire est un glacier très étendu, s’écoulant dans différentes directions sur un socle rocheux. S’il est suffisamment vaste (plus de 50 000 km2), on parle d’inlandsis. Il n’y a que deux inlandsis aujourd’hui : celui de Groenland (pôle nord) et celui de l’Antarctique (pôle sud).

II. LA FONTE DU PERMAFROST À L’ORIGINE DE NOUVELLES ÉPIDÉMIES ?

Parmi les facteurs climatiques susceptibles d’accroître les risques épidémiques, on trouve en premier lieu le dégel du permafrost (sol « théoriquement » gelé en permanence, dans la région Arctique, également appelé pergélisol), qui pourrait perdre jusqu’à 70 % de sa surface d’ici 2100, selon le Giec (Actu-environnement.com, 2020).

En effet, cette fonte pourrait faire ressurgir certains virus ou bactéries disparus ou inconnus, et être à l’origine de pandémies comparables à celle du COVID19. Parmi les microorganismes piégés dans le sol gelé se trouvent notamment le virus de la variole, maladie présente en Sibérie au XIXème siècle, mais aussi des virus plus anciens, qui pourraient dater de l’époque de l’Homme de Néandertal et contre lesquels nous ne serions pas immunisés. D’autres pathogènes plus récents, mais tout aussi dangereux, pourraient également être libérés, comme celui de l’anthrax : le dégel du cadavre d’un renne vieux de 70 ans infecté par cette bactérie a déjà causé la mort d’un enfant en août 2016.

III. POURRA-T-ON ENCORE FAIRE DU SKI EN FRANCE À LA FIN DU SIÈCLE ?

Le manteau neigeux se réduit

Le réchauffement climatique entraîne une diminution de l’enneigement naturel, surtout à basse et moyenne altitudes. Concrètement, les observations montrent qu’à 1 500 m d’altitude, le manteau neigeux s’est réduit en moyenne de 50 % depuis les années 1960 et que la durée d’enneigement* est passée de 140 à 100 jours (SCAMPEI, 2011).

Par exemple, l’enneigement actuel du col de Porte en Isère (1 325 m d’altitude) est identique à celui de la station du Sappey-en-Chartreuse (1 000 m)… il y a 60 ans ! (Iseremag.fr, 2020)

Le réchauffement climatique impacte également la production de la neige de culture (« canons à neige »), qui ne peut fonctionner que dans des conditions météorologiques spécifiques. Ainsi, de nombreuses stations de moyenne montagne sont dores et déjà en grande difficulté économique du fait d’une période d’ouverture plus réduite qu’auparavant.

*Durée d’enneigement : nombre moyen de jours dans une année où la hauteur de neige au sol dépasse 1 cm

Le manque de neige dans les stations de moyenne montagne
En raison du manque de neige, certaines petites stations de moyenne montagne n’ont pas ouvert durant l’hiver 2019-2020 (© Ecotoxicologie.fr – Licence : tous droits réservés)

Qu’en sera-t-il dans les prochaines décennies ?

Pour répondre à cette question, le Centre National de Recherches Météorologiques et l’INRAe ont réalisé deux études portant sur l’évolution future de l’enneigement des stations de ski des Alpes françaises et des Pyrénées (Spandre, 2019a et b). Ces études avaient notamment pour objectif de déterminer si l’enneigement artificiel pouvait être une mesure d’adaptation pertinente dans le cadre des changements climatiques à venir. Actuellement 30 % des pistes en France sont couvertes par ce qu’on appelle la neige de culture.

Deux périodes et deux scénarios d’émission de gaz à effet de serre ont été étudiés (voir tableau ci-dessous).

Jusqu’à 2050, un développement de l’enneigement artificiel à hauteur de 45 % des pistes devrait permettre de limiter l’impact du réchauffement climatique dans la plupart des stations… mais encore faut-il que les collectivités propriétaires des stations disposent des moyens financiers et des ressources en eau nécessaires à l’investissement dans la neige de culture.

En revanche, à la fin du 21ème siècle, si les émissions de gaz effet de serre ne sont pas fortement réduites, même les canons à neige pourraient ne pas suffire à maintenir de bonnes conditions d’enneigement. Avec ou sans canons à neige, skier dans les Pyrénées où dans les stations de moyenne montagne des Alpes sera peut-être impossible en 2080.

Les effets du changement climatique sur l'enneigement des stations de sports d'hiver
Évolution de l’enneigement futur des stations de sports d’hiver des Alpes françaises et des Pyrénées par rapport à la période de référence 1986-2005 (d’après Spandre, 2019a et b)

Moins d’avalanches dans les Alpes ?

Une point positif, cependant : d’ici la fin du siècle, les avalanches dans les Alpes tendraient à diminuer de 20 à 30 %, principalement au printemps et aux basses altitudes. Elles pourraient cependant augmenter aux hautes altitudes à cause de chutes de « neiges humides » (Castebrunet, 2014).

IV. L’ÉLÉVATION DU NIVEAU DES MERS

Le niveau moyen des mers s’est élevé d’environ 20 cm depuis 1900, et le taux d’élévation s’est accéléré durant les dernières décennies (CGDD, 2019), atteignant 5 mm/an sur la période 2014-2019 (OMM, 2019).

Les responsables : la fonte des glaciers et la dilatation thermique de l’eau

La fonte des glaciers est l’une des deux principales causes de cette élévation. En fondant, l’eau douce gelée accumulée au niveau des pôles et des montagnes se déverse dans les mers, contribuant ainsi à une augmentation de la masse d’eau et à une élévation du niveau moyen.

Le second phénomène en cause est directement lié à l’augmentation de la température de l’eau. Sous l’effet de ce réchauffement, les molécules d’eau s’agitent davantage et sont plus espacées les unes des autres. Elles « prennent donc un peu plus de place », ce qui augmente le volume d’eau contenu dans les mers et océans. Ce phénomène appelé dilatation thermique contribue également fortement à l’élévation observée depuis le début du XXème siècle.

A terme, la disparition de territoires sous les eaux

Selon le rapport du GIEC de 2013, la hausse du niveau moyen des mers entre 1986-2005 et 2081-2100 sera comprise entre 26 et 82 cm. Cette élévation aura des conséquences sur les risques de submersion et d’érosion du littoral. Selon les estimations de l’organisation scientifique Climate Central, 300 millions de personnes seront confrontées à des inondations côtières au moins une fois par an en 2050, dont 1 million de français métropolitains habitant les régions nantaise et bordelaise, le nord de la France et le Cotentin (Kulp, 2019). L’Asie et notamment la région du Bangladesh est particulièrement exposée à ce risque.

Carte permettant de visualiser les zones sous le niveau de la mer ou exposées au risque inondation dans la région de Nantes Bordeaux en 2030
Projection des zones côtières sous le niveau de la mer et/ou exposées à des inondations annuelles dans les régions nantaise et bordelaise en 2030 selon un scénario « sans contrôle de la pollution » (= réchauffement de 3 à 4°C en 2100) (Climate Central, 2019)
Carte zones sous le niveau de la mer dans la région du Bangladesh en 2050
Projection des zones côtières sous le niveau de la mer et/ou exposées à des inondations annuelles dans la région du Bangladesh en 2050, selon un scénario « sans contrôle de la pollution » (= réchauffement de 3 à 4°C en 2100) (Climate Central, 2019)NB : vous pouvez accéder à une carte interactive vous permettant de choisir la région, la date et le scénario de votre choix

L’élévation du niveau des mers pourrait par ailleurs, provoquer des intrusions salines dans les nappes souterraines d’eau douce du bord de mer, contribuant ainsi à polluer nos ressources en eau potable (SDES, 2020).

Vivien Lecomte


Article rédigé par Vivien Lecomte, 16 mai 2020, Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés

EN SAVOIR PLUS…

État du climat mondial 2015-2019 : le changement climatique s’accélère – Organisation Météorologique Mondiale (OMM) – septembre 2019
New elevation data triple estimates of global vulnerability to sea-level rise and coastal flooding – Kulp, S.A. – 2019
Projected changes of snow conditions and avalanche activity in a warming climate: the French Alps over the 2020-2050 and 2070-2100 periods – Castebrunet, H. et al – 2014
Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps: relevance of snowmaking as a technical adaptation – Spandre, P. – 2019

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