Eutrophisation des milieux aquatiques
L’eutrophisation est une forme de pollution qui se produit lorsqu’un milieu aquatique reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent (cnrs.fr, 2011d).
Cette eutrophisation peut être naturelle. Elle peut alors s’étaler sur plusieurs siècles ou millénaires. Mais elle peut aussi être le résultat des activités humaines. On parle alors de dystrophisation ou d’eutrophisation anthropique.
Dans ce dernier cas, le phénomène est accéléré par l’apport d’effluents domestiques, industriels et/ou agricoles et peut conduire à la mort de l’écosystème aquatique en quelques décennies voire même en quelques années (cnrs.fr, 2011d).
Les principaux nutriments à l’origine de ce phénomène sont le phosphore (contenu dans les phosphates) et l’azote (contenu dans l’ammonium, les nitrates, et les nitrites). L’eutrophisation s’observe surtout dans les écosystèmes dont les eaux se renouvellent lentement et en particulier dans les lacs profonds.
I. VERS UNE ASPHYXIE DU MILIEU AQUATIQUE
L’eutrophisation d’un milieu aquatique peut aboutir à son asphyxie et à la mort d’un grand nombre d’organismes vivants. Pour comprendre la raison de cette asphyxie, il est nécessaire de comprendre le processus de ce type de pollution :
Étape 1 : apport excessif de substances nutritives
Ces substances peuvent provenir d’épandages agricoles (engrais riches en azote et phosphore) ainsi que de l’utilisation de produits lessiviels riches en polyphosphates, rejetés via les eaux usées.
Étape 2 : croissance et multiplication des algues
Stimulées par cet apport nutritif, certaines algues croissent et se multiplient de manière excessive, en particulier dans les couches d’eau de surface puisque les végétaux ont besoin de lumière pour se développer.
Étape 3 : dégradation de ces algues par les bactéries aérobies
Ces algues en excès, conduisent, lorsqu’elles se décomposent, à une augmentation de la quantité de matières organiques biodégradables dans le milieu aquatique, c’est à dire une augmentation de la quantité de nourriture pour les bactéries aérobies (bactéries ayant besoin d’oxygène).
Étape 4 : asphyxie du milieu aquatique
Ayant davantage de nourriture à disposition, ces bactéries prolifèrent à leur tour, consommant de plus en plus d’oxygène. Dans le cas d’un lac profond, le fond du lac est peu oxygéné en raison d’une absence de circulation suffisante des eaux. Les bactéries finissent donc par épuiser l’oxygène des couches d’eaux profondes et ne peuvent plus dégrader toute la matière organique morte, qui s’accumule sur le fond du lac. On observe alors une différence de plus en plus marquée entre les eaux proches de la surface, très oxygénées, et les eaux profondes, totalement désoxygénées et non éclairées, car la prolifération des algues ou des plantes aquatiques (comme les lentilles d’eau) en surface empêche toute pénétration de lumière. Dans les cours d’eau rapides, en revanche, l’eau est en permanence renouvelée et mieux oxygénée ; les algues sont entraînées toujours plus loin par le courant et l’accumulation est très lente ou impossible.
Ce phénomène de dystrophisation a notamment été observé dans le lac Léman, le lac du Bourget ou encore le lac d’Annecy. Cette pollution est, depuis les années 80 en diminution, grâce à un meilleur traitement et à un détournement des eaux usées vers des cours d’eau.
Étape 5 : Diminution de la biodiversité et de la qualité de l’eau en tant que ressource
Dans les profondeurs du milieu eutrophisé, la vie disparaît peu à peu : les espèces animales sensibles à la baisse de la teneur en oxygène dissous et les bactéries aérobies meurent asphyxiées. Au bout d’un certain temps, seules les bactéries anaérobies (qui vivent sans oxygène) survivent dans ce milieu dépourvu d’oxygène : elles se multiplient et provoquent la fermentation de toute la matière organique accumulée, libérant des gaz nauséabonds (hydrogène sulfuré et ammoniac) et du méthane (cnrs.fr, 2011d). Elles peuvent également libérer des toxines qui peuvent être nocives pour certains mammifères (observatoire-eau-bretagne.fr, 2006).
De plus, les végétaux colmatent le fond des milieux aquatiques détruisant ainsi les milieux de vie des invertébrés et les zones où fraient les poissons.
La production d’eau potable, les usages récréatifs et esthétiques, industriels et agricoles (irrigation pour le bétail) sont également affectés par la dystrophisation. Par exemple, les algues vertes en Bretagne et à l’île de Ré (dues aux épandages agricoles) diminuent la valeur esthétique de la côte et engendrent des nuisances olfactives. Elles peuvent également être à l’origine d’émissions toxiques si les amas en putréfaction sur les plages ne sont pas ramassés fréquemment . Elles affectent ainsi l’image du littoral et peuvent nuire à sa fréquentation touristique.
II. QUELS REMÈDES À CETTE POLLUTION ?
Le premier des remèdes consiste à limiter le rejet de substances nutritives dans le milieu aquatique. Pour cela, il est nécessaire de limiter l’utilisation des engrais en agriculture et de faire disparaître les phosphates de nos produits du quotidien (comme dans les produits lave-vaisselle où ils ne sont pas interdits). La création de zones-tampon (bandes enherbées et arborées) entre les champs et les cours d’eau permettent également de limiter cette pollution.
Enfin, une élimination plus efficace de l’azote et du phosphore par les stations d’épurations est également souhaitable. Le lac d’Annecy était par le passé un lac eutrophisé. Grâce aux actions menées par les collectivités locales, ce type de pollution n’atteint plus ce lac aujourd’hui. Cet exemple montre bien qu’il est possible d’agir contre l’eutrophisation.
Article rédigé par Vivien Lecomte, mis à jour le 10 janvier 2012
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3 commentaires
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Biteck Clément Gomez
Merci très utile ce document de écotoxicologie
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