Polluants et micropolluants : définitions et classification
POLLUANTS ET MICROPOLLUANTS
Qu’est-ce qu’un polluant ?
Un polluant est une substance naturelle ou artificielle que l’homme a introduite dans un milieu où elle était absente ou présente en quantité différente.
Toute substance ou tout produit chimique est donc potentiellement un polluant. D’ailleurs, comme l’a dit avec raison Paracelse, célèbre médecin et alchimiste suisse du XVème siècle, « rien n’est poison, tout est poison, seule la dose fait le poison ». Cependant, certaines substances sont plus toxiques que d’autres et donc plus nocives pour l’environnement.
Remarque : on parle également de polluants physiques (chaleur, radioactivité, bruit, luminosité) et de polluants biologiques (toxines algales, germes pathogènes, parasites). Tout comme les polluants chimiques, ils peuvent affecter l’Homme et son environnement.
Que désigne le terme « Micropolluant » ?
Un micropolluant se définit comme une substance détectable dans l’environnement à très faible concentration (microgramme par litre voire nanogramme par litre). Sa présence est, au moins en partie, due à l’activité humaine (procédés industriels, pratiques agricoles ou activités quotidiennes) et peut à ces très faibles concentrations engendrer des effets négatifs sur les organismes vivants en raison de sa toxicité, de sa persistance (= non biodégradable) et/ou de sa bioaccumulation (= accumulation dans les tissus de l’organisme).
Quelques repères :
-1 microgramme est 1 000 000 fois plus léger qu’1 gramme
-1 nanogramme est 1 000 fois plus léger qu’1 microgramme
-1 morceau de sucre dans un bassin olympique = 1 µg/L
-1 petit grain de sable = 3 µg
-1 grain de sel dans un bassin olympique = 1 ng/L
De nombreuses molécules présentant des propriétés chimiques différentes sont concernées, telles que les plastifiants, détergents, métaux, hydrocarbures, pesticides, cosmétiques ou encore les médicaments (Plan Micropolluants 2016-2021).
Pourquoi et comment classer les polluants ?
Cette page vous propose une classification des polluants (critiquable bien sûr !), vous permettant, nous l’espérons, de « mieux vous y retrouver » et aussi d’identifier les caractéristiques des polluants les plus courants. En aucun cas il ne s’agit d’une description complète de l’ensemble des polluants. En effet, environ 110 000 substances chimiques sont actuellement en circulation dans l’Union Européenne et il serait très fastidieux de les citer une à une. Ces polluants sont, soit des composés créés par l’homme (comme les pesticides par exemple), soit des composés naturels utilisés par l’homme (comme les métaux lourds).
Cette classification se base sur la nature des produits et sur leur utilisation. Comme vous le verrez, rien n’est simple, et des polluants appartenant à des classes différentes peuvent avoir des effets similaires. Par exemple, un pesticide et un plastifiant, bien que n’appartenant pas à la même classe, peuvent avoir tous deux un effet de perturbateur endocrinien. De même, deux produits appartenant à la même classe n’ont pas forcément les effets toxiques.
LES HYDROCARBURES
Quésaco ?
Un hydrocarbure est un composé organique contenant exclusivement des atomes de carbone (C) et d’hydrogène (H). On le trouve à l’état liquide (pétrole), solide (charbon) et gazeux (gaz naturel). Depuis la révolution industrielle, ces hydrocarbures constituent la principale ressource énergétique : 80 % de l’énergie consommée dans le monde est issue de ces hydrocarbures fossiles.
A noter que malgré les engagements de l’accord de Paris (COP21) de décembre 2015 sur le réchauffement climatique, la planète n’a jamais consommé autant de pétrole qu’aujourd’hui. La barre des 100 millions de barils produits par jour a été franchie en août 2018, selon le rapport mensuel de l’Agence Internationale de l’Energie (Lemonde.fr, 2018).
Quels effets sur l’environnement ?
Déversement dans le milieu marin
Les hydrocarbures liquides (pétrole) sont notamment rejetés en mer, affectant les écosystèmes marins. On remarque dans le schéma ci-dessous, que les accidents de type « marée noire » comme l’Erika ou le Prestige ne représentent que 6 % des rejets d’hydrocarbures en mer, bien qu’ils soient très médiatiques. A l’inverse, on observe que la majeure partie de ces rejets polluants (53%) vient de l’intérieur des terres.
Des dispersants chimiques sont utilisés pour disséminer les hydrocarbures en cas de déversement accidentel en mer. Or, de nouvelles études canadiennes montrent que ces produits présentent une menace potentielle pour la vie aquatique aussi grave que le pétrole lui-même…
Pollution de l’atmosphère
La combustion d’hydrocarbures est une source majeure de pollution de l’air (en ville notamment) et d’émission de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique actuel. Nous vous proposons de (re)découvrir les conséquences directes et indirectes de ce réchauffement sur l’Homme et les écosystèmes, via la vidéo « Datagueule : le changement (climatique) c’est maintenant » :
Lire aussi | Sept preuves du réchauffement climatique
LES MATIÈRES AZOTÉES ET PHOSPHORÉES
Quésaco ?
Ces matières ont pour principales origines :
- les épandages agricoles excessivement riches en engrais (azote et phosphore) qui peuvent atteindre les milieux aquatiques (lacs et cours d’eau) par ruissellement ou infiltration de l’eau de pluie notamment ;
- les rejets industriels ou urbains (eaux usées) qui peuvent être riches en nitrates, ammonium, matière organique non traitée (dus aux excréments notamment) et en phosphates (présents dans les produits lave-vaisselle).
Quels effets sur l’environnement ?
Ces matières sont à l’origine d’une forme particulière de pollution : l’eutrophisation (ou dystrophisation) .
Ce type de pollution se produit lorsqu’un milieu aquatique reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent (cnrs.fr, 2011c).
C’est dans les années 1960 avec la subite et rapide dégradation des lacs en aval de zones fortement urbanisées qu’on a pris conscience de ce phénomène.
Depuis les années 90, les pouvoirs publics français mènent une politique visant la réduction des teneurs en phosphates dans les détergents. Utilisés pour adoucir l’eau, ils ont ainsi été interdits dans les lessives textiles depuis le 1er juillet 2007 au profit d’autres produits (zéolite, polyacrylates…) dont les effets sur l’environnement sont cependant mal connus (cnrs.fr, 2013b). Par ailleurs, l’évolution de la réglementation sur les stations d’épuration va dans le bon sens. Elle implique une élimination plus efficace des matières eutrophisantes avant rejet des eaux dans les milieux naturels.
Ces mesures ont permis une diminution du phénomène d’eutrophisation de 25 % en France (Plan assainissement, 2013). Aujourd’hui, les principales sources de phosphore sont liées au métabolisme humain et aux activités agricoles.
Lire aussi | L’eutrophisation des milieux aquatiques
LES PESTICIDES
Quésaco ?
Les pesticides sont des produits (composés chimiques) répandus volontairement dans l’environnement pour lutter contre les organismes vivants jugés nuisibles : animaux, végétaux, micro-organismes. Ils sont principalement utilisés par les agriculteurs pour lutter contre les animaux (insectes, rongeurs) ou les plantes (champignons, mauvaises herbes) jugés nuisibles aux plantations. Le premier usage intensif d’un pesticide, le DDT, remonte à l’époque de la seconde guerre mondiale.
Les principaux pesticides utilisés actuellement appartiennent à quelques grandes familles chimiques :
- les organochlorés (hydrocarbures chlorés), comme le DDT synthétisé dès les années 1940, sont des pesticides très stables chimiquement. Le DDT a été utilisé partout dans le monde dans la lutte contre les insectes, jusqu’à ce que l’on découvre qu’il était peu dégradable et pouvait se concentrer dans les organismes en bout de chaîne alimentaire, par bioaccumulation, avec des risques certains pour la santé humaine.
- les organophosphorés sont des composés de synthèse qui se dégradent assez rapidement dans l’environnement mais qui ont des effets neurotoxiques sur les vertébrés.
- les pyréthroïdes sont des insecticides de synthèse très toxiques pour les organismes aquatiques.
- les carbamates, très toxiques, sont utilisés comme insecticides et fongicides.
- les phytosanitaires, qui regroupent un très grand nombre de produits de la famille des triazines ou des fongicides, représentent plus de la moitié du tonnage annuel des pesticides utilisés en France (cnrs.fr, 2011b).
La France est le 2ème consommateur européen de pesticides, derrière l’Espagne, avec 70 000 tonnes de produits commercialisés chaque année. Cette consommation est en stagnation depuis plusieurs années, malgré le plan national Ecophyto 2 (FranceInter.fr, 2018). L’agriculture utilise environ 90 % de ce tonnage. Les 10 % restants sont utilisés pour l’entretien des infrastructures routières et ferroviaires, des espaces verts, des trottoirs et le traitement du bois (cnrs.fr, 2011b).
Quels effets sur l’environnement ?
Malheureusement, tous les pesticides épandus ne sont pas piégés dans les organismes ciblés. Une grande partie d’entre eux est dispersée dans l’atmosphère, soit lors de leur application, soit par évaporation ou par envol à partir des plantes ou des sols sur lesquels ils ont été répandus. Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, ils retombent avec les pluies directement sur les plans d’eau et sur les sols d’où ils sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration). Les pesticides sont ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine toutes les eaux continentales : cours d’eau, eaux souterraines et zones littorales.
Cependant, la source la plus importante de contamination par des pesticides demeure la négligence (cnrs.fr, 2011b) :
- stockage dans de mauvaises conditions,
- techniques d’application défectueuses,
- rejet sans précaution de résidus ou d’excédents,
- ou encore pollutions accidentelles comme, par exemple, lors du rejet accidentel de 1 250 tonnes de pesticides dans le Rhin, en novembre 1986.
Les effets de ces substances sur les écosystèmes aquatiques sont avérés. Il peut s’agir :
- d’effets directs dus à la toxicité chronique (= sur le long terme) des molécules ;
- ou d’effets indirects dus à l’action des pesticides qui modifie l’écosystème : par exemple altération des populations de certains prédateurs, du fait de la diminution des insectes « nuisibles » qui constituent leurs proies.
Les effets sur la santé humaine ont été démontrés dans le cas de populations exposées professionnellement (agriculteurs en particulier). Aucun effet direct n’a, pour l’instant, été démontré en ce qui concerne la santé des particuliers en relation avec la consommation de produits alimentaires contenant des traces de pesticides. Du fait de la plus grande sensibilité des fœtus et des jeunes enfants, il est cependant nécessaire de rester très vigilants (Eaumelimelo, 2014).
LES DÉTERGENTS ET DÉSINFECTANTS
Quésaco ?
Un détergent (ou agent de surface, détersif, surfactant) permet de nettoyer une surface, un objet, la peau, etc. C’est un composé chimique capable d’éliminer les graisses et d’enlever les salissures. Ex : alkylsulfates, ammoniums quaternaires
Un désinfectant (ou biocide) permet de désinfecter. C’est un produit qui détruit les bactéries, les virus ou les champignons. Ex : l’eau de javel, le triclosan
Ces produits entrent dans la composition des produits d’entretien (produits de nettoyage du sol, lessives, etc.) mais aussi dans celle de la plupart des cosmétiques (shampooings, gels douches, crèmes à raser, produits de maquillage, produits solaires, dentifrices, etc.). Ils sont également utilisés dans de nombreuses industries : textiles, cuir, métallurgie, etc. (cnrs.fr, 2011).
Quels effets sur l’environnement ?
Ces produits présentent tout d’abord des risques pour la santé des utilisateurs. On sait par exemple que l’eau de javel, utilisée régulièrement, augmente significativement le risque d’infections respiratoires chez l’enfant (ADEME, 2017).
Après usage, la plupart des produits se retrouvent dans les eaux usées, qui sont ensuite traitées par une station d’épuration ou un système d’assainissement individuel. Malheureusement, ce traitement ne permet pas d’éliminer totalement ces produits polluants, et une partie se retrouve dans le milieu naturel.
On sait que certains produits détergents, bien qu’ils aient l’obligation d’être biodégradables à 90% (Arehn.asso.fr, 2014), peuvent se révéler toxiques pour les organismes aquatiques, en raison de leurs propriétés « agressives ». Par exemple, les alkylphénols polyéthoxylates sont des détergents anioniques régulièrement détectés dans les eaux usées et dans les milieux aquatiques et dont la toxicité sur des organismes de laboratoire est avérée à très faible dose (Venhuis, 2004). Il a également été montré qu’une pollution par les détergents pouvait augmenter la solubilité d’autres polluants dans les sols qui sont ainsi plus facilement absorbés par les organismes vivants (Venhuis, 2004).
On sait aussi que la présence de désinfectants dans les eaux usées et dans le milieu naturel est responsable du développement de bactéries résistantes : (Medicamentsdansleau.org, 2019).
Toxiques les lessives ?
Malgré les évolutions de la réglementation (notamment l’interdiction du phosphate), les lessives restent toxiques pour l’environnement et même davantage que les produits lave-vaisselle, comme le montre une étude menée sur un panel de 35 lessives (60 millions-mag, 2006). Dans cette étude, des tests (bioessais) ont été effectués afin d’évaluer les effets toxiques à court et à long termes de « bains de lavage de lessives » sur des organismes aquatiques. Ils ont démontré que l’ensemble des lessives testées, y compris celles labellisées « écologiques », étaient toxiques vis à vis de ces organismes (sauf les noix de lavage qui ont cependant une efficacité de lavage équivalente à celle de l’eau).
LES PLASTIQUES ET PLASTIFIANTS
Quésaco ?
Le plastique… tout le monde connait !
Un plastifiant, c’est une molécule, à l’état solide ou à l’état liquide, qui est ajoutée aux formulations de différents types de matériaux pour les rendre plus flexibles, plus résistants, plus résilients et/ou plus faciles à manipuler. Un plastifiant rend par exemple le plastique souple et flexible. En voici deux exemples :
- Le bisphénol A (BPA) : la production annuelle mondiale en 2006 était d’environ 3,8 millions de tonnes (Geens, 2009). Cette forte production est le résultat des nombreuses utilisations. Ce composé est ainsi utilisé pour la fabrication de résines polycarbonates et de résines époxydiques présentes dans les bouteilles, emballages alimentaires, industries électrique et électronique, industrie du bâtiment, équipement de la maison, peintures, encres d’imprimerie, etc. (INRS.fr, 2010).
- Les phtalates, produits à quelque 6 millions de tonnes par an dans le monde (Peijnenburg et Struijs, 2006) sont omniprésents dans notre quotidien (rideaux de douche, jouets, emballages alimentaires, etc.). Ceci en raison de leurs propriétés particulières qui confèrent souplesse, extensibilité et élasticité au plastique (PVC).
Lire aussi | Les polluants cachés dans notre logement
Quels effets sur l’environnement ?
Les plastiques et plastifiants se retrouvent dans l’environnement à la suite de rejets d’industries productrices, de rejets par les stations d’épuration ou encore de rejets sauvages.
Concernant les plastiques, tout le monde a en tête l’image du 8ème continent, cette immense « soupe de plastique » située dans le nord-est de l’océan pacifique et qui s’étend sur une surface 6 fois plus grande que la France :
De même, on retrouve des plastifiants dans l’air, dans l’eau et dans les sols à des concentrations certes faibles, mais dont on ignore les effets sur l’environnement à long terme, d’autant plus que le BPA et plusieurs phtalates sont suspectés d’avoir des effets perturbateurs endocriniens (troubles de la reproduction, etc.) sur l’homme et sur la faune (Bocken, 2001 ; CIRC, 2000).
LES MÉDICAMENTS
Comment se retrouvent-ils dans le milieu naturel ?
La France est le 4ème consommateur mondial de médicaments. Plus de 3 000 médicaments à usage humain et 300 médicaments vétérinaires sont actuellement disponibles sur le marché français. Les substances actives contenues dans ces médicaments se caractérisent par des structures chimiques très variées. Une fois que ces médicaments ont agi dans l’organisme, ils sont excrétés, essentiellement dans les selles et les urines, puis sont rejetés dans les réseaux d’eaux usées (médicaments humains) et dans les sols (médicaments vétérinaires). Ces résidus de médicaments se retrouvent donc d’une manière ou d’une autre dans l’environnement et potentiellement dans nos sources d’eau potable (MEDDTL, 2011), comme illustré dans la vidéo ci-dessous du site Medicamentsdansleau.org :
Quels effets sur l’environnement ?
Une fois que ces résidus de médicaments se retrouvent dans l’environnement, ils peuvent contaminer les organismes vivants et potentiellement les affecter, surtout si ils sont bioaccumulables (= peuvent s’accumuler au cours du temps dans l’organisme). Les médicaments étant, de plus, des substances créées et prescrites au patient en raison de leurs effets dans l’organisme, on peut supposer qu’elles peuvent également induire des effets chez les autres êtres vivants.
L’éventualité d’un risque aigu (= à court terme) lié à la présence de résidus de médicaments dans les écosystèmes aquatiques apparaît cependant faible en France (sauf en cas de pollution accidentelle) en raison des faibles concentrations détectées dans les eaux.
En revanche, le risque d’effets chroniques (effets à long terme) sur les écosystèmes ne peut-être exclu. Certaines classes de substances pharmaceutiques ont ainsi été identifiées comme présentant un risque pour certaines familles d’organismes vivants (J.P.Besse, 2010) : antibiotiques, hormones de synthèse, médicaments anti-cancéreux, anti-inflammatoires, etc.
Lire aussi | Les médicaments sont-ils dangereux pour l’environnement ?
LES PRODUITS COSMÉTIQUES
Quésaco ?
Nous les utilisons tous les jours : gels douches, shampoings, soins capillaires, déodorants, dentifrices, crèmes solaires... Il se vend par exemple près de 6 shampoings chaque seconde en France soit près de 200 millions de bouteilles par an (Planetoscope, 2013).
Quels effets sur l’environnement ?
Ces produits cosmétiques contiennent pourtant des produits chimiques potentiellement toxiques pour l’Homme et l’environnement. Agents nettoyants (composés anioniques…), conservateurs antibactériens (parabènes, triclosan…), agents moussants, émulsifiants, additifs (parfums…), peuvent donc être considérés comme des polluants (Onema, 2009).
Prenons 3 exemples :
- Les conservateurs antibactériens : le triclosan, détecté à l’état de traces dans les eaux de surface, le lait maternel et les urines (Onema, 2009), est classé par la Commission Européenne comme « très toxique pour les organismes aquatiques » et pourrait même présenter un risque pour la santé publique, en rendant certaines bactéries résistantes à des antibiotiques (Norwegian Scientific Committee for Food Safety, 2005). Concernant les parabènes, largement répandus dans les cosmétiques, le débat reste ouvert quant aux possibles effets sur la reproduction à faible dose et les recherches se poursuivent (Onema, 2009).
- Les parfums comme le muscxylène ou la célestolide sont détectés dans les milieux aquatiques et dans les organismes, à des concentrations parfois assez élevées (jusqu’à 11,5 µg/g de lipide chez la moule bleue) (Nordic Council of Ministers, 2004). Une étude de Luckenbach (2005) semble montrer que ces substances peuvent avoir des effets chimio-sensibilisants, c’est à dire qu’ils permettraient à certains composés toxiques de pouvoir accéder à la cellule alors qu’ils sont normalement bloqués par la paroi. Comme pour les parabènes, le débat sur les effets potentiels de ces composés sur les écosystèmes reste ouvert.
- Les filtres de synthèse anti-UV : on estime que 4 000 à 6 000 tonnes d’écran total sont libérées chaque année dans les zones de récifs tropicales par les 78 millions de touristes qui s’y rendent (Danovaro, 2008). Or, différentes études scientifiques révèlent que les filtres anti-UV contenus dans ces crèmes jouent un rôle dans le « blanchissement » des massifs coralliens, au même titre que le changement climatique, l’augmentation de la radiation ultraviolette, les agents pathogènes et d’autres polluants. Danovaro (2008) montre ainsi que ces composés induisent une détérioration de la membrane des algues vivant en symbiose avec les coraux, et ce, même à très faible dose (10 µL/L d’eau de mer). Jusqu’à 10 % des récifs coraux mondiaux pourraient ainsi être en danger.
- Par ailleurs, les nanoparticules (= particules de taille infime), qu’on retrouve dans certaines crèmes comme dans de nombreux objets de notre quotidien, font l’objet de nombreux travaux de recherche, leurs effets sur la santé et l’environnement étant encore largement méconnus.
LES MÉTAUX LOURDS
Quésaco ?
La notion de métaux lourds est un concept industriel sans définition scientifique précise unanimement reconnue. On parle maintenant davantage d’Eléments Traces Métalliques (ETM). Tous les ETM sont présents naturellement à l’état de traces dans le sol.
On les retrouve dans de nombreux objets industriels et du quotidien: les piles (cadmium), l’électronique (le cuivre), les tuyauteries (plomb), les prothèses de hanches (nickel), etc. De ce fait, la production est considérable. Par exemple, en 2003, la Chine a produit environ 500 000 tonnes de plomb et 90 millions de tonnes de fer (perspective.usherbrooke.ca, 2011).
En outre, ces métaux peuvent être présents sous la forme de nanoparticules, qui sont notamment utilisées dans certaines crèmes solaires et dans des aliments.
Quels effets sur l’environnement ?
Les cas de pollutions
Les métaux lourds peuvent se retrouver dans l’environnement (terrestre ou aquatique) dans des concentrations supérieures aux concentrations naturelles.
Les cas les plus fréquents de pollution aux métaux lourds sont :
- lors d’une exploitation minière : c’est le cas, par exemple, du cadmium, rejeté en grande quantité lors d’une exploitation minière massive entre 1910 et 1945, destiné à satisfaire la production d’armement. Ainsi, Jinzu, la rivière locale, ainsi que ses affluents ont été très fortement pollués en cadmium durant cette période entraînant la maladie d’Itaï Itaï dans la population locale.
- par des industries : en France, il existe de nombreuses friches dont les sols sont pollués en métaux lourds (par exemple en Lorraine ou dans la vallée de la Maurienne en Savoie) à cause des activités industrielles passées. Ces métaux lourds peuvent contaminer non seulement les organismes du sol, mais aussi les plantes et les animaux qui se nourrissent de ces plantes.
Les métaux peuvent également contaminer l’environnement lors d’un accident industriel. C’est le cas par exemple de la pollution « des boues rouges » en Hongrie de 2010 qui contamina les sols et les cours d’eau (dont le Danube) suite à la rupture d’un réservoir d’une usine de bauxite-aluminium (letelegramme.com, 2010).
Effets sur les organismes vivants
Les ETM présentent une réelle toxicité pour l’Homme. L’arsenic est cancérigène, le cadmium peut entrainer des dommages sur le foie, le plomb peut entrainer la maladie dite du saturnisme chez les enfants , etc.
Ils présentent également un danger pour l’environnement en raison de leur caractère « persistant » (= non biodégradable) et de leur toxicité à court ou long terme pour les organismes vivants, en particulier les plantes (cuivre, zinc, etc.) (Gouzy, 2008).
Réglementation
Les friches industrielles ont commencé à intéresser les acteurs locaux à partir des années 1990, mais de très nombreux hectares de terrains restent encore à l’abandon.
La loi sur les installations classées en France permet de lutter contre l’apparition de nouvelles friches industrielles. L’exploitant du terrain a en effet des obligations réglementaires de réhabilitation.
En revanche, concernant les anciennes friches, les problèmes se posent si l’exploitant ou le propriétaire ont disparu ou sont insolvables. Il n’y a alors pas de véritable solution, outre l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) qui dispose d’un petit budget pour réhabiliter les friches les plus polluées, bien insuffisant au regard du nombre de friches encore orphelines (vedura.fr, 2011).
Par ailleurs, certaines utilisations de métaux lourds sont maintenant interdites. Ainsi, les piles au mercure sont interdites en Europe (directive 98/101/CE) depuis décembre 1998 pour des problèmes environnementaux.
AUTRES POLLUANTS
Exemples de substances fabriquées par l’Homme
Les PCB (Polychlorobiphényles) ont été massivement utilisés des années 1930 aux années 1970 comme lubrifiants pour la fabrication des transformateurs électriques, condensateurs, ou comme isolateurs dans des environnements à très haute tension. Ces composés se sont accumulés dans les sédiments de cours d’eau et sont notamment à l’origine de l’interdiction de la consommation de poissons pêchés dans le Rhône.
Les CFC (Chlorofluorocarbones) anciennement utilisés dans les système de réfrigération sont responsables de la destruction de la couche d’ozone.
Les retardateurs de flamme (ex : PBDE), additifs utilisés pour minimiser les risques d’incendie des tissus, platiques, etc.. De nombreux retardateurs de flamme sont suspectés avoir des effets délétères pour la santé et l’environnement.
Les composés perfluorés (PFC) ont la propriété de repousser l’eau, les matières grasses et la poussière et sont ainsi utilisés dans les revêtements imperméables des chaussures et vêtements ainsi que dans les poêles en téflon.
Les PFC sont persistants dans l’environnement (= non biodégradables) et s’accumulent dans les êtres vivants. Certaines études ont révélé la présence de PFC dans les cours d’eau et les poissons (dans le foie notamment) ainsi que dans le sang humain (Taniyasu, 2003). En revanche, même si les PFC sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, les études manquent pour pouvoir caractériser l’effet de ces composés sur les écosystèmes. Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) classe par ailleurs le tétrafluoroéthylène, gaz émis lors du chauffage de poêles en téflon, en tant que cancérigène possible (2B).
Exemple d’une substance naturelle
Par ailleurs, des substances naturelles rejetées en grande quantité par les industries, sont également considérés comme des polluants. C’est le cas par exemple du sel, issu des usines de dessalement de l’eau de mer.
Article rédigé par Vivien Lecomte, mis à jour le 2 juillet 2019 – Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés
EN SAVOIR PLUS…
– Plan Micropolluants 2016-2021 pour préserver la qualité des eaux et la biodiversité – Plan national co-piloté par le ministère chargé de l’environnement, le ministère chargé de la santé et le ministère chargé de l’Agriculture
– Dispositif des 13 projets « Micropolluants des eaux urbaines » – Pour consulter les actualités et publications des 13 projets issus de l’appel à projets national lancé par l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB), les Agences de l’Eau et le Ministère chargé de l’Environnement.
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6 commentaires
Floride
J’aime ce site
Fatima
Très bien
TOUDJI
Le site est très éducatif
Vivien Lecomte
Merci beaucoup 🙂
dorioz jm
ca me semble un bon récapitulatif et, pour les sujets que je connais un peu plus, bien documenté
je vais le lire plus en détail
à suivre donc
mais déjà bravo.
Vivien Lecomte
Merci pour votre commentaire. Cet article date un peu et est largement perfectible… mais cela reste une bonne base pour découvrir le sujet 🙂