Changement climatique

Sept preuves du réchauffement climatique

POURQUOI UN ARTICLE (DE PLUS) SUR LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

« Tout le monde sait »

Le réchauffement climatique s’invite très régulièrement dans les médias et dans les conversations. Quoi de plus logique : les records de chaleur se succèdent en France et ailleurs et selon le programme européen Copernicus, juillet 2019 a été le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde depuis le début des relevés météo !

Ainsi, selon un sondage Ipsos commandé par La Recherche (Sondage La Recherche, 2015) :

  • 93 % des français sont conscients de vivre une période de réchauffement climatique (et ce serait probablement encore plus aujourd’hui) ;
  • 76 % des personnes interrogées considèrent « que c’est un problème très préoccupant qu’il est urgent de traiter dès aujourd’hui si on veut encore le limiter » ;
  • et 93 % des sondés pensent que ce réchauffement est dû à l’activité humaine.

Et pourtant…

Alors pourquoi continuer à mettre en lumière les preuves du réchauffement climatique actuel, ses causes et ses conséquences pour l’Homme et la planète alors que « tout le monde sait » ?

D’abord parce que le constat du réchauffement climatique et de sa cause humaine n’est pas partagé par tous : ce sont les personnes/organisations désignées sous le nom de climatosceptiques. Aux États-Unis tout d’abord, où :

  • seulement 74 % des américains « croient que la Terre s’est réchauffée au cours du siècle dernier » (Sondage ABC News, 2018) ;
  • et où moins de la moitié (41 %) attribuent ce réchauffement uniquement aux activité humaines… alors qu’ils étaient pourtant 68 % à connaître l’existence de l’effet de serre en 1988* (Rich, 2019) !

En France, également, où Claude Allègre, scientifique reconnu en géochimie (mais pas en climatologie !) et ancien ministre de l’environnement, écrivait dans son livre en 2012 que le changement climatique n’est « qu’un mythe créé de toutes pièces issu d’une conspiration entre science et politique ». Et plus récemment, en juin 2019, où l’hebdomadaire Valeurs actuelles a cloué au pilori ceux qu’il appelle les « charlatans de l’écologie » avec le crédo : « la science officielle » qui alerte sur le réchauffement climatique n’est pas « la vraie science ». Ces prises de positions, mêmes portées par des journalistes ou scientifiques non spécialistes du climat, sont dangereuses car elles sèment le doute dans la population (Novethic.fr, 2019a).

Ensuite parce que l’ensemble des gouvernements du monde peine à mettre en œuvre les solutions (pourtant connues !) qui permettraient de limiter ce réchauffement et ses conséquences… et parce que les entreprises, tout comme les citoyens, ne font pas non plus leur part : on sait par exemple qu’en France, les trois quarts des déplacements en voitures font moins de 5 km (Etude Ipsos Vinci Autoroute, 2019) et pourraient donc, pour la majorité, être faits en transports en commun, en vélo (classique ou électrique), voire même à pieds pour les plus courts !

Or, comme le dit le proverbe :« Si tu sais mais que tu n’agis pas, tu ne sais pas »… Voici donc le premier d’un ensemble d’articles vous permettant de « tout savoir » (ou presque !) sur le réchauffement climatique.

*NB : Nous verrons pourquoi l’opinion des américains a changé au cours de ces 30 dernières années dans l’article Pourquoi ce changement climatique ?

I. LA PREUVE PAR SEPT

Les vagues de chaleur de ces dernières années et le manque de neige dans les petites stations de sports d’hiver vous laissent perplexes ?

Alors pour finir de vous convaincre (ou pour convaincre vos amis sceptiques !), voici 7 preuves (= 7 indicateurs) du réchauffement climatique actuel :

Preuve 1 – La température moyenne mondiale a augmenté de plus de 1°C depuis la révolution industrielle

Preuves du réchauffement climatique - Estimation de la température moyenne mondiale et de son évolution de 1850 à nos jours
Estimation de la température moyenne mondiale (axe de gauche) et de son évolution (axe de droite) de 1850 à nos jours – NB : les différents traits de couleurs représentent différents jeux de données – Source : Climate.copernicus.eu, 2018

Le réchauffement de la température moyenne mondiale est très net, en particulier depuis les années 1980.

Depuis la fin du XIXe siècle, la température moyenne mondiale a augmenté de 1,1°C (Climate.copernicus.eu, 2018)… mais attention il s’agit d’une moyenne ! Ainsi, de nombreuses régions du monde connaissent un réchauffement encore plus rapide : ainsi l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne.

Preuve 2 – Les cinq dernières années sont les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées

Preuves du réchauffement climatique - Graphique : Classement des dix années les plus chaudes, depuis le début des enregistrements météo en 1948
Classement des dix années les plus chaudes, depuis le début des enregistrements météo en 1948 (Source des données : NCEP-NCAR) – NB : dans ce classement provisoire, les sept premiers mois de 2019 sont comparés à des années pleines – Source : Global-climat.com, 2019

Preuve 3 – Le début du XXIème siècle est plus chaud dans toutes les villes françaises

Preuves du réchauffement climatique - Ecart entre les températures moyennes enregistrées entre 2000 et 2017 et tout au long du XXème siècle dans différentes villes françaises
Écart entre les températures moyennes enregistrées entre 2000 et 2017 et tout au long du XXème siècle dans différentes villes françaises (Source des données : EDJNet, d’après Alternatives Economiques, 2018) – © Ecotoxicologie.fr – Licence : Tous droits réservés

Tout comme l’ensemble de la planète, la France présente un réchauffement marqué depuis 1900. Les quatre années les plus chaudes ont d’ailleurs été observées au XXIème siècle : respectivement 2014, 2011, 2015 et 2018 (MTES, 2017). Sur la période 1959-2009, la tendance observée est d’environ +0,3°C par décennie (MTES, 2017).

Ce réchauffement est néanmoins hétérogène : il est plus important dans l’est du territoire, avec un maximum de +1,2°C pour Avignon et moins marqué dans l’ouest, avec un minimum de +0,3°C pour Brest.

La ville de Paris a vu sa température moyenne augmenter de 1°C avec davantage de journées chaudes (8,8 journées par an au XXIème siècle VS 5,1 journées par an au XXème siècle) et moins de jours de gel (9 journées par an au XXIème siècle VS 15,9 journées par an au XXème siècle).

La température moyenne a également augmenté dans l’ensemble des villes européennes (ex : +0,9°C à Munich, +1,4°C à Copenhague) (Alternatives Economiques, 2018). Globalement, la température moyenne européenne a augmenté de près de 2°C depuis la deuxième moitié du 19ème siècle (Climate.copernicus.eu, 2018).

Preuve 4 – Les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et plus intenses

Preuves du réchauffement climatique - Vagues de chaleur observées en France 1947-2016
Source : CGDD, 2017

Les vagues de chaleur recensées en France depuis 1947 ont été beaucoup plus nombreuses au cours des dernières années. Cette évolution se matérialise aussi par la survenue d’événements plus forts : ainsi, les 3 vagues de chaleur les plus longues et 3 des 4 vagues de chaleur les plus intenses se sont produites après 1981.

La canicule observée du 2 au 19 août 2003 est de loin l’événement le plus marquant sur la période d’observation (CGDD, 2017). Selon plusieurs sources, on estime à environ 15 000 le nombre de décès liés à ce phénomène.

Preuve 5 – Les vendanges sont de plus en plus précoces

Preuves du réchauffement climatique - Evolution de la date des vendanges entre 1901 et 2016 en France
NB : 1901 = moyenne décennale 1892-1901 et 2016 = moyenne décennale 2007-2016) – Source : ONERC, 2018

Fin du parcours viticole et début du parcours vinicole, la date de vendange est une date très importante au niveau de la filière. Facile à comprendre pour le grand public et très médiatisée, elle est un indicateur pertinent du changement climatique, car corrélée essentiellement avec l’évolution de la température.

En moyenne, les vendanges ont lieu 15 jours plus tôt qu’il y a 40 ans (ONERC, 2018)… et deviendront probablement à l’avenir « un job d’été » !

Preuve 6 – Les glaciers fondent

Depuis les années 1980, on observe une importante diminution de la masse et de la superficie des glaciers, résultat d’une augmentation de la fusion estivale (fonte de la glace en été). Ce phénomène s’est accentué depuis 2003 (ONERC, 2018).

Voici une illustration vidéo (reportage de France 3) de cette fonte accélérée à travers l’exemple de la mer de glace, à Chamonix, qui a perdu 25 % de sa superficie en 30 ans :

Preuve 7 – Les oiseaux migrateurs reviennent en France plus tôt qu’avant

Preuves du réchauffement climatique - Le balbuzard revient en moyenne 17 jours plus tôt de sa migration hivernale qu’en 1987
Le balbuzard pêcheur revient en moyenne 17 jours plus tôt de sa migration hivernale qu’en 1987 – Source : Wikipedia.org, 2010

Depuis 1987, entre mars et mai, des équipes d’ornithologues professionnels et bénévoles mobilisés par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Aquitaine notent quotidiennement les dates de passages de 16 espèces d’oiseaux migrateurs observés depuis la Pointe de Grave, point stratégique qui concentre un maximum de flux d’oiseaux (LPO, 2019).

Ces observations montrent qu’en moyenne, les migrateurs transsahariens reviennent de leur migration hivernale 6,5 jours plus tôt qu’en 1987.

Les 16 espèces suivies ne répondent pas de la même manière au réchauffement climatique : le décalage temporel atteint presque 17 jours pour le Balbuzard pêcheur, tandis qu’il est de moins de 1 jour pour le Martinet noir.

Cependant, toutes les espèces de migrateurs transsahariens observées présentent une date de retour plus précoce.

II. MAIS N’Y A-T-IL PAS DÉJÀ EU DES RÉCHAUFFEMENTS SIMILAIRES ?

La température de la Terre n’est pas stable

La température moyenne de la Terre dans son ensemble n’est pas stable et varie avec le temps, comme le prouve l’analyse des couches géologiques. Notre planète était par exemple plus froide d’environ 5°C il y a 22 000 ans, lors de l’apogée de la dernière période glaciaire. « A l’époque », le niveau de l’océan était plus bas d’environ 120 mètres et une partie de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie était recouverte d’une couche de glace qui atteignait 1 à 2 km d’épaisseur et qui s’étendait jusqu’à New-York et jusqu’au nord de l’Allemagne.

L'Europe à l'apogée de la dernière période glaciaire, il y a environ 22 000 ans
L’Europe à l’apogée de la dernière période glaciaire, il y a environ 22 000 ans – Source : Wikipedia.org, 2013

En effet, sous l’influence de paramètres naturels tels que les fluctuations des courants océaniques, les éruptions volcaniques, le rayonnement solaire et plusieurs paramètres astronomiques, la Terre connaît depuis environ 2,6 millions d’années une alternance régulière :

  • de périodes glaciaires : périodes plus froides de quelques degrés, durant environ 80 000 ans ;
  • et de période interglaciaires : périodes plus chaudes de quelques degrés, durant quelques milliers d’années à 20 000 ans environ.

Nous sommes depuis 12 000 ans environ dans une période interglaciaire (donc plutôt chaude si vous suivez bien !), appelée Holocène, particulièrement propice au développement de nos civilisations et à laquelle devrait succéder une période glaciaire dans plusieurs milliers d’années (si tout va bien ! *).

*Selon plusieurs études, l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pourrait repousser ce nouvel âge glaciaire de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Mais les variations climatiques naturelles sont lentes contrairement au réchauffement climatique actuel

La température de la Terre a toujours fluctué… donc pas de quoi s’inquiéter du réchauffement climatique actuel ?
Si, car ce qui préoccupe la communauté internationale, c’est la vitesse de ce réchauffement, qui se produit à une cadence inégalée dans le passé.

Pire, d’après le Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), ce réchauffement va encore s’accélérer, pouvant atteindre de +1,5°C à +6°C d’ici la fin du siècle. La température de la Terre risque donc d’augmenter d’autant en 200 ans qu’au cours des 20 000 dernières années !

Lire aussi | Lutte contre le changement climatique : la situation en 2020

Au Moyen-Âge aussi il y a eu un réchauffement ?

Certains « climatosceptiques » ne manquent pas de rappeler « qu’au Moyen-Âge aussi, il y a eu un réchauffement »… En effet, comme illustré dans le graphique ci-dessous, il y a bien eu un réchauffement (on parle d’optimum médiéval)… mais de quelques dixièmes de degrés seulement… et il faisait moins chaud qu’aujourd’hui : donc rien de comparable avec le réchauffement que nous connaissons actuellement !

Reconstitution de la température annuelle moyenne de l’hémisphère Nord depuis l’an 700
Reconstitution de la température annuelle moyenne de l’hémisphère Nord depuis l’an 700 –
Ecotoxicologie.fr, d’après GIEC, 4th assessment report, 2007

NB :
l’axe vertical du graphique représente l’écart de la valeur de l’année considérée avec la moyenne hémisphérique (nord) pour les années 1961 à 1990
-les auteurs et les dates de publication des différentes estimations de la température sont mentionnés en haut du graphique.

-les températures mesurées par instruments sont également reportées, en noir, à partir de 1860.

Sur le graphique ci-dessus, on retrouve également la trace de ce que l’on appelle « le petit âge glaciaire », qui a culminé au XVIIème siècle. Pendant cette mini glaciation, les températures se sont refroidies de quelques dixièmes de degrés (donc là encore rien de comparable avec la variation observée aujourd’hui !) en particulier en Europe (Jancovici.com, 2011 ; GIEC, 2007). A cette époque, la Seine était complètement gelée en hiver.

La seine en hiver à la fin du XVIle siècle,  lors du "petit âge glaciaire"
La seine en hiver à la fin du XVIle siècle, lors du « petit âge glaciaire » – Source : C’est pas sorcier, 2013

Lire aussi | Pourquoi ce changement climatique ?

Vivien Lecomte


Article rédigé par Vivien Lecomte, 2 octobre 2019 – Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés

EN SAVOIR PLUS…

Chiffres clés du climat France, Europe et Monde – Commissariat Général au Développement Durable (CGEDD), édition 2019, novembre 2018
Impacts du changement climatique : Atmosphère, Températures et Précipitations – Article du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, 9 janvier 2017.
Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) – Changement climatique : impacts en France, novembre 2018

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