Réduire mon empreinte carbone

25 actions pour réduire mon empreinte carbone

Si vous avez lu l’article Chacun doit faire sa part, vous savez qu’un citoyen français « moyen », simplement par des changements de comportement, peut réduire son empreinte carbone de 25 %, et même de 45 % si on ajoute des investissements financiers (achat d’une chaudière plus performante, isolation, etc.) (Carbone 4, 2019).

Alors, nous qui, pour sauver nos vies mais surtout pour sauver celles des autres, avons accepté sans (trop) broncher, de rester chez nous, d’être privés d’un certain nombre de libertés, de ne pas voir nos proches pendant plusieurs mois, ne pourrions-nous pas également accepter, sans pour autant revenir « à l’âge de pierre », de changer certaines de nos habitudes de consommation, de réduire nos déplacements en voiture, d’adapter notre alimentation… pour préserver la planète telle qu’on la connait et participer à sauver des vies au sein des générations futures ?

Peut-être que vous vous dîtes « D’accord, je veux bien essayer, mais que dois-je faire au quotidien pour réduire mon empreinte carbone ? Devenir végétarien ? Acheter une voiture électrique ? Planter 10 arbres dans mon jardin ? Vivre en ermite dans les bois ? » Si c’est le cas, cet article est fait pour vous !

I. QU’EST-CE QUE L’EMPREINTE CARBONE ?

L’empreinte carbone évalue les émissions de gaz à effet de serre induites par la consommation d’une personne résidente d’un territoire. Elle représente :

  • la quantité de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et NO2) directement émis par cette personne : voiture, chauffage, etc.
  • ainsi que la quantité de gaz à effet de serre rejetés lors de la fabrication et le transport des produits consommés par cette personne : aliment, téléphone, vêtement, etc.

En 2018, l’empreinte carbone moyenne des français s’élevait à 11,2 tonnes eq CO2* par personne. Si cette valeur reste relativement stable depuis 1995, elle demeure incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris et un réchauffement limité à + 2 °C (CGDD, 2020).

En effet, en tenant compte de l’évolution de la population mondiale d’ici la fin du siècle, et en respectant une répartition strictement égalitaire de la quantité de CO2 qu’il resterait à émettre, le “budget carbone” de chaque Terrien devrait être compris entre 1,6 tonnes (hypothèse basse) et 2,8 tonnes (hypothèse haute) de CO2 par an entre aujourd’hui et 2100. Il est ainsi généralement admis que pour respecter l’accord de Paris, l’empreinte carbone des français doit diminuer de 80 % d’ici 2050, pour atteindre environ 2 tonnes eq CO2.

Chacun doit faire sa part dans la lutte contre le changement climatique
NB : cette illustration présente le scénario « réaliste » de l’étude de Carbone 4, selon lequel l’ensemble des actions individuelles engendreraient une réduction de 20 % de l’empreinte carbone moyenne des français.

Les émissions associées au logement, au transport et à l’alimentation constituent environ deux tiers de l’empreinte carbone des ménages. Les émissions générées par les autres biens et services (activités culturelles et de loisirs, télécommunications, services financiers et assurances…), les services publics, ainsi que l’équipement et l’habillement, forment le tiers restant (CGDD, 2017b).

*Pour faciliter les comparaisons entre les gaz à effet de serre, les émissions de chacun des gaz autres que le CO2 sont converties en « tonnes équivalent CO2 » (tonnes eq CO2) calculées à l’aide du « Potentiel de réchauffement global ».

II. COMMENT CALCULER MON EMPREINTE CARBONE ?

La plateforme Nos gestes Climat développée par l’association Bilan Carbone et l’ADEME vous permet de calculer votre empreinte carbone en quelques minutes, secteur par secteur.

Le résultat vous permettra de comparer votre empreinte carbone avec celle de la moyenne des français (environ 11 tonnes eq CO2) et avec « le budget carbone » de chaque terrien (environ 2 tonnes eq CO2), valeur à atteindre d’ici à 2050 pour contenir le réchauffement climatique à + 2°C maximum.

Réduire mon empreinte carbone - nos gestes climat

III. RÉDUIRE MON EMPREINTE CARBONE : UN ÉTAT D’ESPRIT !

Être conscient de l’impact de nos comportements

Peut-être qu’un jour, prendre sa voiture lorsqu’il y a une alternative*, manger 1 kg de viande par semaine (= ce que consomme un français en moyenne**) ou regarder un film en ultra HD sur son smartphone via la 5G (ou 6G) sera aussi mal vu que de jeter des ordures dans une rivière. Nous n’en sommes pas encore là… et pourtant ces comportements et habitudes de consommation ont un impact très important sur notre environnement en général et en particulier sur le climat. Bien sûr, il ne s’agit pas d’endosser le poids des malheurs de notre monde, mais juste de prendre conscience qu’à travers notre consommation, nos transports, nos émissions de gaz à effet de serre, se joue un peu le sort de notre planète et des générations futures.

Empreinte carbone voitures
En France, les trois quarts des déplacements en voiture font moins de 5 km – Source de la photo : Q_K de Pixabay

Être lucide

En France, on considère généralement que 20 % des individus sont « moteurs » sur les questions environnementales et climatiques, 60 % sont plutôt « variables » sur la question, et 20 % sont carrément réfractaires à toute injonction au changement (Carbone 4, 2019).  Si vous lisez ces lignes, c’est que vous faites probablement partie de l’une des deux premières catégories. Mais même dans ce cas, il est souvent difficile (mais pourtant nécessaire) d’être lucide sur ses propres actions et sur le chemin qu’il reste à accomplir pour être « exemplaire ».

Être lucide, c’est :

  • ne pas tomber dans la caricature du « je ne veux pas vivre comme à l’âge de pierre » : heureusement pour nous, une partie de nos émissions de gaz à effet de serre est compensée par des processus d’absorption naturelle (forêts, océans, etc.). Limiter le réchauffement à 1,5°C ou 2°C, ce n’est donc pas « ne plus polluer du tout », mais plutôt « beaucoup moins polluer » ;
  • savoir que chaque français émet en moyenne 5 fois « trop » de gaz à effet de serre, et qu’il doit réduire son empreinte carbone de 80 % d’ici 2050 pour « être dans les clous » d’un réchauffement de +2°C maximum (voir ci-avant) ;
  • être conscient du luxe dans lequel une majorité de français (dont moi) vivent aujourd’hui (ex : avoir une voiture, un ordinateur et/ou un smartphone, plusieurs paires de chaussures, manger de la viande plusieurs fois par semaine, etc.) alors que plus d’1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité, que 2,1 milliards ne disposent pas d’eau potable et que près de 700 millions souffrent de la faim ;
  • être conscient de ses contradictions (que nous avons tous), savoir se remettre en question.

Savoir démarrer petit

Devant la masse des comportements à changer, qui concernent l’ensemble des domaines de la vie quotidienne, on peut vite être submergé ou découragé. Changer l’ensemble de ses habitudes d’un seul coup n’est donc pas une bonne stratégie si l’on veut tenir dans la durée.

Se comparer aux autres (qu’ils soient « meilleurs » ou « pires » que nous) n’est selon moi pas non plus une bonne approche. Il faut garder à l’esprit que nous avons tous un vécu (éducation, habitudes alimentaires…), un contexte familial et un environnement de vie différents et que ces éléments influencent forcément nos comportements et nos habitudes de consommation.

Sans pour autant se limiter à des actions « symboliques » à faible impact, il faut donc savoir démarrer petit et être dans une démarche d’amélioration continue pour viser progressivement l’exemplarité.

Un point de départ pour aller plus loin

Au-delà des bénéfices sur notre empreinte carbone personnelle, nos petits gestes peuvent avoir un effet d’émulation : il est beaucoup plus facile d’inciter son entourage au changement en éveillant sa curiosité puis sa conscience par des actions quotidiennes concrètes plutôt qu’à travers de beaux discours, souvent moralisateurs. Parce qu’elles montrent l’exemple, nos actions individuelles sont nécessaires et peuvent devenir collectives !

En outre, chacun de nos éco-gestes peut être un point de départ pour aller plus loin, en tant que citoyen, collaborateur d’une entreprise, membre d’association ou à travers toute autre forme d’engagement (Carbone 4, 2019).

Réduire ses déchets, oui. Mais aussi demander aux grandes marques de changer leurs modes de production et de distribution ou encore mettre en place le tri des déchets dans son entreprise.

Aller au travail à vélo, oui. Mais aussi s’associer avec des voisins pour demander à la mairie de rallonger les pistes cyclables et de renforcer les transports publics.

Manger moins de viande, oui. Mais aussi demander, avec d’autres parents d’élèves, à l’école de vos enfants de proposer plus de menus végétariens à la cantine (Greenpeace.fr, 2019).

* 3/4 des déplacements en voiture font moins de 5 km (Étude Ipsos Vinci Autoroute, 2019)

**Chaque français consomme en moyenne 135 grammes de produits carnés par jour, soit 945 g par semaine (Crédoc, 2018)

25 ACTIONS POUR RÉDUIRE MON EMPREINTE CARBONE

Dans la suite de cet article, je vous propose 25 actions réparties dans 7 domaines de la vie quotidienne.

Ces propositions actions, issues de différents travaux scientifiques, relèvent de notre seule volonté, et compilent des petits gestes du quotidien et des changements de comportement plus ambitieux. Elles sont toutes réalisables sans investissement financier. N’hésitez pas à cliquer sur chacune des actions pour en savoir plus !

Bien sûr, il y a une part de subjectivité dans le choix des actions indiquées… et vous en aurez certainement d’autres en tête, que je vous invite à partager en commentaires ! 🙂

1. Mes déplacements

ACTION 1Je me passe de la voiture pour mes trajets inférieurs à 3 km
ACTION 2Je n’ai pas plus d’une voiture au sein de mon foyer
ACTION 3Pour me rendre au travail, j’utilise le vélo, les transports en commun ou le covoiturage
ACTION 4Pour mes trajets longue distance, je privilégie le train
ACTION 5Je ne prends l’avion que quelques fois dans ma vie, et lorsqu’il n’existe aucune alternative

2. Mon alimentation

ACTION 1J’ai une consommation de viande modérée
ACTION 2Je choisis des fruits et légumes de saison
ACTION 3Je fais la chasse au gaspillage alimentaire
ACTION 4Je privilégie les produits locaux

3. L’énergie dans mon logement

ActionPrécision
ACTION 1Je ne surchauffe pas mon logementL’ADEME recommande une température :
-d’environ 19°C dans les pièces à vivre : salon, salles à manger
-d’environ 17°C dans les pièces peu occupées : chambres d’adultes…
ACTION 2Je fais la chasse aux gaspillages d’énergieJ’éteins tous les appareils en veille/non utilisés, j’installe des ampoules basse consommation, j’utilise la fonction « éco » de mes appareils électroménagers, etc.
Et si j’en ai la possibilité, j’isole thermiquement mon logement et je m’équipe d’un moyen de chauffage économe.

La température ressentie (d’après le Wiki des économies d’énergies d’Enercoop)
La température ressentie est la moyenne de la température réelle de la pièce et de la température des parois qui rayonnent sur nous. Par exemple, si on se tient devant un simple vitrage dont la température rayonnante est de 15°C et que la température de l’air ambiant est de 20°C, la température ressentie sera de 17,5°C.
Il est donc important de fermer ses volets et de s’équiper de rideaux pour éviter cette sensation de froid plutôt que d’augmenter la température de consigne.
Ce n’est pas uniquement pour une histoire de décoration que les murs des châteaux étaient équipés de tentures épaisses mais bien pour couper l’impact rayonnant des murs en pierre !

4. Mes biens de consommation

ACTION 1Je modère mes achats d’équipements électroniques, électroménagers et mobiliers
ACTION 2Je privilégie l’achat d’équipements d’occasion
ACTION 3J’achète (beaucoup) moins de vêtements neufs
ACTION 4Pour mes achats de vêtements neufs, je choisis des produits faits
avec des matières premières moins polluantes

5. Mes déchets

ACTION 1Je réduis le volume de mes déchets
ACTION 2Je trie (correctement) mes emballages recyclables
ACTION 3Je trie mes déchets alimentaires afin de les composter

6. Mon usage du numérique

ACTION 1Je suis sobre dans ma consommation de vidéos en ligne
ACTION 2Je privilégie l’internet fixe à l’internet mobile
ACTION 3Je limite mon usage du “cloud”
ACTION 4Je garde mes appareils numériques le plus longtemps possible
ACTION 5J’éteins ma box la nuit

7. Mon argent

ACTION 1Je choisis la banque la plus écologique (en fonction de mes possibilités)
ACTION 2Je choisis l’épargne la plus écologique (en fonction de mes possibilités)
Vivien Lecomte


Article rédigé par Vivien Lecomte, 31 mai 2021 – Ecotoxicologie.fr : tous droits réservés

EN SAVOIR PLUS

Nos gestes climat – Plateforme de l’association Bilan Carbone et de l’ADEME pour calculer son empreinte carbone et passer à l’action
Ça commence par nous – Groupe de citoyens de tous horizons qui se sont lancés dans une expérience ludique de défis mensuels, afin de réduire leur impact sur l’environnement

Vous avez apprécié cet article ? Soutenez Ecotoxicologie.fr et contribuez à son développement avec petit don 🙂

7 commentaires

  • Roqueton

    Merci beaucoup de ce compte-rendu très explicite et des conseils donnés. A la retraite le mois prochain je compte bien changer les comportements plus facilement. Je marche 3 à 6 kilomètres au quotidien et ne consomme plus de viande depuis déjà un bon moment ni de produits lactés de vache. Vais investir dans une machine à coudre et suivre des cours de couture pour satisfaire la coquetterie et les économies ! Un petit jardin où créer un mini potager aussi. A suivre

  • Raynal

    Excellent article qui nous donne de bons conseils. Je dois faire partie des 20% qui pensent que nos l’environnement et le climat doivent être « au cœur de nos politiques actuelles « .
    De l’environnement, du climat et de la biodiversité doivent DÉPENDRE nos politiques. Et ça c’est pas gagné avec le credo di toujours plus de crossà e et toujours plus de consommation.
    Néanmoins, je rajouterai dans les gestes à faire
    -diminuer drastiquement le plastique( en privilégiant le vrac par exemple ou en remplaçant les bouteilles plastique par le verre ( jus de fruits )
    – boycotter les marques peu vertueuses comme Nestle ou la Ferrero ( qui fabrique le NUtella)
    -supprimer les emballages superflus

    • ecotoxicologiefr

      Merci de votre message.
      Vous avez tout fait raison sur les deux points :
      -le citoyen doit faire sa part… et les politiques aussi (mais les deux sont intimement liés à mon sens)
      -effectivement, nous devons également tendre progressivement vers le « zéro déchet »
      Vivien

  • Pfirsch Fabirnne

    En fin de compte, je ne me débrouille pas trop mal ! C’est un peu rassurant…
    Même si je peine beaucoup à faire passer ce message autour de moi, la plupart du temps…

    • Antoine

      Si on parle seulement d’empreinte carbone, le verre est pire que le plastique : cela demande plus d’energie a sa fabrication (qu’il soit recyclé ou non) et cela augmente la consommation lors du transport car plus lourd.
      La seule alternative valable est le verre consigné mais encore tres peu développé en France (Carrefour tente actuellement de relancer la consigne)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *